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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/290

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mathias sandorf.

vous le pourrez, et d’autant mieux que l’aisance vous y sera assurée pour la vie.

— Oh ! monsieur le docteur ! s’écria Pointe Pescade. Mais vous n’entendez cependant pas nous laisser à rien faire ! N’être bons à rien ne nous suffirait pas !

— Je vous promets de la besogne, de quoi vous contenter !

— Décidément, répondit Pointe Pescade, l’offre est bien tentante !

— Quelle objection y faites-vous ?

— Une seule peut-être. Vous nous voyez tous deux, Cap Matifou et moi ! Nous sommes du même pays, et nous serions sans doute de la même famille, si nous avions une famille ! Deux frères de cœur ! Cap Matifou ne pourrait vivre sans Pointe Pescade, ni Pointe Pescade sans Cap Matifou ! Imaginez les deux frères Siamois ! On n’a jamais pu les séparer, n’est-ce pas, parce qu’une séparation leur eût coûté la vie ! Eh bien, nous sommes ces Siamois-là !… Nous nous aimons, monsieur le docteur ! »

Et Pointe Pescade avait tendu la main à Cap Matifou, qui l’attira sur sa poitrine et l’y pressa comme un enfant.

« Mes amis, dit le docteur Antékirtt, il n’est point question de vous séparer, et j’entends bien que vous ne vous quitterez jamais !