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une rencontre dans le stradone.

de cet incident qu’il n’avait pu prévoir. Il dit donc à Cap Matifou :

« Reste ici et veille ! »

Puis, tout courant, il se dirigea vers le faubourg de Plocce.

Le docteur, pendant le récit que lui fit rapidement Pointe Pescade, resta muet.

« Ai-je excédé mon droit ? se disait-il. Non !… Ai-je frappé une innocente ?… Oui, sans doute ! Mais cette innocente est la fille de Silas Toronthal ! »

Alors, s’adressant à Pointe Pescade :

« Où est Cap Matifou ?

— Devant l’hôtel du Stradone.

— J’aurai besoin de vous deux, ce soir ?

— À quelle heure ?

— À neuf heures.

— Où devrons-nous vous attendre ?

— À la porte du cimetière ! »

Pointe Pescade partit aussitôt pour rejoindre Cap Matifou, qui n’avait pas quitté son poste.

Le soir venu, vers huit heures, le docteur, enveloppé d’un ample manteau, se dirigea vers le port de Raguse. À l’angle de la muraille, sur la gauche, il atteignit une petite anse, perdue dans les roches, qui échancrait le littoral un peu au-dessus du port.

L’endroit était absolument désert. Ni maison, ni