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une rencontre dans le stradone.

confondait absolument avec les dernières roches de la grève.

Le docteur Antékirtt resta quelque temps encore sur le rivage. Sans doute, il voulait attendre que la nuit fût plus obscure encore. Par instants, il se promenait à grand pas. Puis, il s’arrêtait. Et alors, les bras croisés, muet et immobile, son regard se perdait sur cette mer Adriatique, comme s’il lui eût confié ses secrets.

La nuit était sans lune, sans étoiles. À peine une de ces petites brises de terre, qui se lèvent avec le soir et ne durent que quelques heures, se faisait-elle sentir. Quelques nuages élevés, mais assez épais, couvraient tout le ciel jusqu’à l’horizon de l’ouest, où la dernière barre de vapeurs, faite d’un trait plus clair, venait de s’effacer.

« Allons ! » dit enfin le docteur.

Et, revenant du côté de la ville, dont il suivit l’enceinte, il se dirigea vers le cimetière.

Là, devant la porte, attendaient Pointe Pescade et Cap Matifou, blottis derrière un arbre, de manière à ne pas être vus.

Le cimetière était fermé à cette heure. Une dernière lumière venait de s’éteindre dans la maison du gardien. Personne n’y devait plus venir avant le jour.