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mathias sandorf.

sévère et froid docteur Antékirtt. Mais plus affiné, plus trempé, il était resté une de ces natures de fer, dont on pourrait dire qu’elles troubleraient l’aiguille aimantée rien qu’en l’approchant. Eh bien ! du fils d’Étienne Bathory, il voulait, il saurait faire ce qu’il avait fait de lui-même.

D’ailleurs, et depuis longtemps déjà, le docteur Antékirtt était resté seul de toute cette grande famille des Sandorf. On ne l’a pas oublié, il avait un enfant, une petite fille, qui, après son arrestation, avait été confiée à la femme de Landeck, l’intendant du château d’Artenak. Cette petite fille, âgée de deux ans alors, était l’unique héritière du comte. C’est à elle que devait revenir, quand elle aurait dix-huit ans, la moitié des biens de son père, réservée par le jugement qui prononçait la confiscation en même temps que la mort. L’intendant Landeck, ayant été laissé en qualité de régisseur de cette portion du domaine de Transylvanie mise sous séquestre, sa femme et lui étaient restés au château avec cette enfant, à laquelle ils voulaient vouer toute leur vie. Mais il semblait qu’une fatalité pesât sur la famille Sandorf, maintenant réduite à ce petit être. Quelques mois après la condamnation des conspirateurs de Trieste et les événements qui en furent la conséquence, cette enfant disparut, sans