Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

11
la veuve d’étienne bathory.

Le docteur, tout en songeant à son entrevue avec Mme Bathory, suivait une des contre-allées, et il fut bientôt arrivé au Borgo-Pille, sorte de bras de pierre qui s’allonge hors du triple vêtement des fortifications de Raguse. La poterne était ouverte, et, à travers les trois enceintes, donnait accès dans l’intérieur de la cité.

C’est une magnifique artère dallée, ce Stradone, qui depuis le Borgo-Pille se prolonge jusqu’au faubourg de Plocce, après avoir traversé la ville. Il se développe au pied d’une colline, sur laquelle s’étage tout un amphithéâtre de maisons. À son extrémité s’élève le palais des anciens doges, beau monument du quinzième siècle, avec cour intérieure, portique de la Renaissance, fenêtres à plein cintre, dont les sveltes colonnettes rappellent la meilleure époque de l’architecture toscane.

Le docteur n’eut pas besoin d’aller jusqu’à cette place. La rue Marinella, que Borik lui avait indiquée la veille, débouche à gauche, vers le milieu du Stradone. Si son pas se ralentit un peu, ce fut au moment où il jeta un rapide coup d’œil sur un hôtel, bâti en granit, dont la riche façade et les annexes en équerre s’élevaient sur la droite. La porte de la cour, alors ouverte, laissait voir une voiture de maître avec un superbe attelage, cocher