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mathias sandorf.

Borik s’éloigner. De retour à bord, il donna congé à Pointe Pescade et à Cap Matifou. Puis, après s’être renfermé dans sa chambre, il voulut y rester seul pendant les dernières heures de cette journée.

Pointe Pescade et Cap Matifou profitèrent donc de la permission en vrais rentiers qu’ils étaient. Ils s’offrirent même le plaisir d’entrer dans quelques-unes des baraques de la fête foraine. Dire que l’agile clown ne fut pas tenté d’en remontrer à quelque équilibriste maladroit, que le puissant lutteur n’eut pas envie de prendre part à ces combats d’athlètes, ce serait contraire à la vérité. Mais tous deux se souvinrent qu’ils avaient l’honneur d’appartenir au personnel de la Savarèna. Ils restèrent donc simples spectateurs et ne marchandèrent pas les bravos, quand ils leur parurent mérités.

Le lendemain, le docteur se fit mettre à terre, un peu avant midi. Après avoir renvoyé sa baleinière à bord, il se dirigea vers la route qui réunit le port de Gravosa à Raguse, — belle avenue, disposée en corniche, bordée de villas, ombragée d’arbres, sur une longueur de deux kilomètres.

L’avenue n’était pas encore animée, comme elle devait l’être quelques heures plus tard, par le va-et-vient des équipages, par la foule des promeneurs à pied et à cheval.