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ce qui se passait à raguse.

s’échangèrent entre la mère et la fille ? On le devine, sans qu’il soit nécessaire d’y insister. Deux noms revenaient sans cesse au milieu des sanglots et des larmes, — le nom de Sarcany, pour le maudire, — celui de Pierre, qui n’était plus qu’un nom gravé sur une tombe, pour le pleurer !

De ces conversations, auxquelles Silas Toronthal s’interdit de jamais prendre part, — il évitait même de voir sa fille, — il résulta que Mme Toronthal fit une dernière démarche auprès de son mari. Elle voulait qu’il consentît à renoncer à ce mariage, dont l’idée seule était une épouvante, une horreur, pour Sava.

Le banquier demeura inébranlable dans sa résolution. Peut-être, livré à lui-même, étranger à toute pression, se fût-il rendu aux observations qui lui étaient faites et qu’il devait se faire ? Mais, dominé par son complice, plus encore qu’on ne le pourrait croire, il refusa d’entendre Mme Toronthal. Le mariage de Sava et de Sarcany était décidé, il se ferait, dès que la santé de Sava le permettrait.

Il est aisé d’imaginer quelle avait été l’irritation de Sarcany, lorsque cet incident imprévu s’était produit, avec quelle colère peu dissimulée il vit ce trouble apporté dans son jeu, et de quelles obsessions il assaillit Silas Toronthal ! Ce n’était qu’un