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mathias sandorf.

retard, sans doute, mais ce retard, s’il se prolongeait, risquait de renverser tout le système sur lequel il échafaudait son avenir. D’autre part, il n’ignorait pas que Sava ne pouvait avoir pour lui qu’une répulsion insurmontable.

Et cette répulsion, que fût-elle devenue, si la jeune fille eût soupçonné que Pierre Bathory était tombé sous le poignard de l’homme qu’on lui imposait pour époux !

Quant à lui, il ne pouvait que s’applaudir d’avoir eu cette occasion de faire disparaître son rival. Pas un remords, d’ailleurs, ne pénétra dans cette âme fermée à tout sentiment humain.

« Il est heureux, dit-il un jour à Silas Toronthal, que ce garçon ait eu la pensée de se tuer ! Moins il en restera, de cette race des Bathory, mieux cela vaudra pour nous ! En vérité, le ciel nous protège ! »

Et, en effet, que restait-il maintenant des trois familles Sandorf, Zathmar et Bathory ? Une vieille femme, dont les jours étaient comptés. Oui ! Dieu semblait les protéger, ces misérables, et il aurait porté sa protection jusqu’aux dernières limites, le jour où Sarcany serait le mari de Sava Toronthal, le maître de sa fortune !

Cependant il paraît que Dieu voulait l’éprouver