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ce qui se passait à raguse.

Celle-ci eut la force de lui passer le bras autour du cou. Se relevant alors et la regardant avec une fixité effrayante :

« Sava !… dit-elle, Sava… tu n’es pas la fille de Silas Toronthal !… Tu n’es pas ma fille !… Ton père… »

Elle ne put achever. Une convulsion la rejeta hors des bras de Sava, et son âme s’échappa avec ces dernières paroles.

La jeune fille s’était penchée sur la morte !… Elle voulait la ranimer !… Ce fut inutile.

Alors elle appela. On accourut de tout l’hôtel. Silas Toronthal arriva un des premiers dans la chambre de sa femme.

En l’apercevant, Sava, prise d’un irrésistible mouvement de répulsion, recula devant cet homme qu’elle avait maintenant le droit de mépriser, de haïr, car il n’était pas son père ! La mourante l’avait dit, et l’on ne meurt pas sur un mensonge !

Puis, Sava s’enfuit, épouvantée de ce que lui avait dit la malheureuse femme qui l’avait aimée comme sa fille, — encore plus épouvantée, peut-être, de ce qu’elle n’avait pas eu le temps de lui dire.

Le surlendemain, les funérailles de Mme Toronthal se firent avec ostentation. Cette foule d’amis