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mathias sandorf.

Puis son regard se dirigea sur Sava. Ce regard fut si interrogateur que Sava n’aurait pu s’y méprendre.

« Mère… mère ! dit-elle, que veux-tu ? »

Mme Toronthal fit un signe affirmatif.

« Me parler ?…

— Oui ! » fit distinctement entendre Mme Toronthal.

Sava s’était courbée au chevet du lit, et un nouveau signe lui indiqua de s’approcher plus près encore. Sava posa sa tête près de la tête de sa mère, qui lui dit :

« Mon enfant, je vais mourir !…

— Mère… mère !

— Plus bas !… murmura Mme Toronthal, plus bas !… Que personne ne puisse m’entendre ! »

Puis, après un nouvel effort :

« Sava, dit-elle, j’ai à te demander pardon du mal que je t’ai fait… du mal que je n’ai pas eu le courage d’empêcher !

— Toi… mère !… Toi, m’avoir fait du mal !… Toi, me demander pardon !

— Un dernier baiser, Sava !… Oui !… Le dernier !… Cela voudra dire que tu me pardonnes ! »

La jeune fille vint doucement poser ses lèvres sur le front pâle de la mourante.