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ce qui se passait à raguse.

Enfin Sarcany se montra si impérieux, si exigeant vis-à-vis de Silas Toronthal, que celui-ci, le 16 août, fit prévenir Sava qu’il voulait lui parler le soir même. Comme il la prévenait que Sarcany désirait être présent à cet entretien, il s’attendait à un refus. Il n’en fut rien. Sava fit répondre qu’elle se tenait à ses ordres.

Le soir venu, Silas Toronthal et Sarcany attendaient impatiemment Sava dans le grand salon de l’hôtel. Le premier était décidé à ne point se laisser mener, ayant pour lui les droits que donne la puissance paternelle. Le second, résolu à se contenir, à écouter plutôt qu’à parler, voulait surtout tâcher de découvrir quelles étaient les secrètes pensées de la jeune fille. Il craignait toujours qu’elle ne fût plus instruite de certaines choses qu’on ne le supposait.

Sava entra dans le salon à l’heure dite. Sarcany se leva quand elle parut ; mais au salut qu’il lui fit, la jeune fille ne répondit même pas par une simple inclinaison de tête. Elle ne semblait pas l’avoir vu, ou plutôt, elle ne voulait pas le voir.

Sur un signe de Silas Toronthal, Sava s’assit. Puis, froidement, la figure plus pâle encore sous ses vêtements de deuil, elle attendit qu’une demande lui eût été adressée.