Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

186
mathias sandorf.

« Sava, dit le banquier, j’ai respecté la douleur que t’a causée la mort de ta mère en ne troublant pas ta solitude. Mais, à la suite de ces tristes événements, on se trouve nécessairement amené à traiter certaines affaires d’intérêt !… Bien que tu n’aies pas encore atteint ta majorité, il est bon que tu saches quelle part te revient dans l’héritage de…

— S’il ne s’agit que d’une question de fortune, répondit Sava, il est inutile de discuter plus longtemps. Je ne prétends à rien dans l’héritage dont vous voulez parler ! »

Sarcany fit un mouvement qui pouvait indiquer de sa part un assez vif désappointement, mais aussi, peut-être, une surprise mêlée de quelque inquiétude.

« Je pense, Sava, repris Silas Toronthal, que tu n’as pas bien compris la portée de tes paroles. Que tu le veuilles ou non, tu es l’héritière de madame Toronthal, ta mère, et la loi m’obligera à te rendre des comptes, lorsque tu seras majeure…

— À moins que je ne renonce à cette succession ! répondit tranquillement la jeune fille.

— Et pourquoi ?

— Parce que je n’y ai, sans doute, aucun droit ! »

Le banquier se redressa sur son fauteuil. Jamais il ne se fût attendu à cette réponse. Quant à Sar-