Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

187
ce qui se passait à raguse.

cany, il ne dit rien. Pour lui, Sava jouait un jeu, et il s’attachait simplement à voir clair dans ce jeu.

« Je ne sais, Sava, reprit Silas Toronthal, impatienté par les froides réparties de la jeune fille, je ne sais ce que signifient tes paroles ni ce qui a pu te les dicter ! D’ailleurs, je ne viens pas ici discuter droit et jurisprudence ! Tu es sous ma tutelle, tu n’as pas qualité pour refuser ou accepter ! Donc, tu voudras bien te soumettre à l’autorité de ton père, que tu ne contestes pas, j’imagine ?…

— Peut-être ! répondit Sava.

— Vraiment, s’écria Silas Toronthal, qui commençait à perdre quelque peu de son sang-froid, vraiment ! Mais tu parles trois ans trop tôt, Sava ! Quand tu auras atteint ta majorité, tu feras ce qu’il te conviendra de ta fortune ! Jusque-là, c’est à moi que tes intérêts sont confiés, et je les défendrai comme je l’entends !

— Soit, répondit Sava, j’attendrai.

— Et qu’attendras-tu ? répliqua le banquier. Tu oublies sans doute que ta situation va changer, dès que les convenances le permettront ! Tu as donc d’autant moins le droit de faire bon marché de ta fortune que tu n’es plus seule intéressée dans l’affaire…