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mathias sandorf.

joue à la lame. Dans ces conditions, il devait être et fut horriblement secoué, mais au moins ne risquait-il plus de se jeter à la côte.

Cela dura trois heures, — jusqu’à minuit environ. À ce moment, la situation s’aggrava encore.

Ainsi que cela arrive fréquemment par ces temps d’orage, la lutte entre les vents opposés de l’est et de l’ouest cessa soudain. La brise revint au point du compas qu’elle avait tenu pendant le jour, avec la violence d’un coup de vent. Son impétuosité, refoulée pendant plusieurs heures par les courants contraires, reprit le dessus au milieu des éclaircies du ciel.

« Un feu par tribord devant ! cria un des hommes de quart, de garde au pied du beaupré.

— La barre dessous toute ! » répondit le capitaine Köstrik, qui voulait s’éloigner de la côte.

Lui aussi avait vu le feu signalé. Ses éclats intermittents indiquaient bien que c’était celui de Gozzo. Il n’était que temps de revenir en direction opposée, car les vents contraires se déchaînaient avec une incomparable furie. Le Ferrato n’était pas à deux milles de la pointe, au-dessus de laquelle le phare venait subitement d’apparaître.

L’ordre de pousser la pression fut envoyé au mécanicien ; mais, soudain, la machine se ralentit, puis cessa de fonctionner.