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mathias sandorf.

péri, si Cap Matifou ne l’eût retenu, enlevé à bout de bras, déposé sur le pont, comme il aurait fait d’un enfant.

Alors, sans prononcer une parole — en aurait-il eu le temps ? — ce pêcheur sauta sur la passerelle, saisit la roue du gouvernail, et, au moment où, son avant tourné vers les roches, le Ferrato allait s’y briser, il prenait du tour, il donnait dans l’étroite passe du canal de North Comino, il la traversait vent arrière, et, en moins de vingt minutes, il se retrouvait sur la côte est de Malte dans une mer plus calme. Alors, ses écoutes bordées, il longea la terre à moins d’un demi-mille. Puis, vers quatre heures du matin, lorsque les premières lueurs du jour commençaient à blanchir à l’horizon du large, il suivait le chenal de La Valette, et mouillait au quai de la Senglea, à l’entrée du port militaire.

Le docteur Antékirtt monta alors sur la passerelle, et, s’adressant au jeune marin :

« Vous nous avez sauvés, mon ami, dit-il.

— Je n’ai fait que mon devoir.

— Êtes-vous pilote ?

— Non, je ne suis qu’un pêcheur.

— Et vous vous nommez ?…

— Luigi Ferrato ! »