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sur les parages de malte.

Cependant, le sifflet d’alarme du steam-yacht jetait au milieu des brouhahas du vent d’assourdissants appels, et trois coups de canon furent successivement tirés.

Soudain, du côté de la terre, un point noir apparut dans les brumes. Une embarcation s’avançait vers le Ferrato, sa voile au bas ris. C’était, sans doute, quelque pêcheur que la tempête avait obligé à se réfugier au fond de la petite anse de Melléah. Là, son canot à l’abri des rochers, réfugié dans cette admirable grotte de Calypso, qui pourrait être comparée à la grotte de Fingal des Hébrides, il avait entendu les sifflets et le canon de détresse.

Aussitôt, au risque de sa vie, cet homme n’avait pas hésité à se porter au secours du steam-yacht à demi désemparé. Si le Ferrato pouvait être sauvé, il ne pouvait l’être que par lui.

Peu à peu l’embarcation s’approchait. Une amarre fut préparée à bord pour lui être lancée, au moment où elle accosterait. Il y eut là quelques minutes qui parurent être interminables. On n’était plus qu’à une demi-encablure des récifs.

À ce moment, l’amarre fut lancée ; mais une énorme lame, soulevant l’embarcation, la précipita contre les flancs du Ferrato. Elle fut mise en pièces, et le pêcheur qui la montait aurait certainement