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mathias sandorf.

kilos à quinze kilomètres. Avis aux puissances qui regrettent de voir entre les mains de l’Angleterre cette admirable station, commandant la Méditerranée centrale, et dans laquelle pourraient tenir toutes les flottes ou escadres du Royaume-Uni.

Certainement, il y a des Anglais à Malte. On y trouve un gouverneur général, logé dans l’ancien palais du Grand Maître de l’ordre, un amiral, chef de la marine et des ports, une garnison de quatre à cinq mille hommes ; mais on y trouve aussi des Italiens qui voudraient y être chez eux, puis une population flottante, cosmopolite comme à Gibraltar, et surtout des Maltais.

Les Maltais, ce sont des Africains. Dans les ports, ils conduisent leurs embarcations aux vives couleurs ; dans les rues, ils lancent leurs voitures sur des pentes vertigineuses ; dans les marchés, ils débitent fruits, légumes, viandes, poissons, sous la lampe d’une petite sainte peinturlurée, au milieu d’un assourdissant tapage. On dirait que tous les hommes se ressemblent, teint basané, cheveux noirs, quelque peu crépus, yeux ardents, taille moyenne mais robuste. On jurerait que toutes les femmes sont de la même famille, grands yeux à longs cils, cheveux foncés, mains charmantes, jambes fines, corsage souple, avec une certaine