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malte.

Luigi embrassa sa sœur et lui présenta les personnes qui l’accompagnaient.

Le docteur raconta en quelques mots dans quelles circonstances Luigi venait de risquer sa vie pour sauver un navire en perdition, et, en même temps, il lui nomma Pierre, le fils d’Étienne Bathory.

Pendant qu’il parlait, Maria le regardait avec tant d’attention, tant d’émotion même, que le docteur put craindre un instant qu’elle n’eût deviné en lui le comte Sandorf. Mais ce ne fut qu’un éclair qui s’éteignit aussitôt dans ses yeux. Après quinze ans, comment aurait-elle reconnu celui qui n’avait été que pendant quelques heures l’hôte de son père ?

La fille d’Andréa Ferrato avait alors trente-trois ans. Elle était toujours belle par la pureté des lignes de son visage, l’ardeur de ses grands yeux. Quelques cheveux blancs, mêlés à sa chevelure noire, disaient qu’elle avait plus souffert des duretés de sa vie que de sa durée. L’âge n’était pour rien dans cette blancheur précoce, due aux fatigues, aux tourments, aux douleurs éprouvées depuis la mort du pêcheur de Rovigno.

« Votre avenir et celui de Luigi nous appartiennent, maintenant ! dit en terminant son récit le docteur Antékirtt. Mes amis n’étaient-ils pas les débi-