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mathias sandorf.

les hennissements de la locomotive s’accentuèrent, les fanaux troublèrent l’ombre de leurs deux éclats blancs, et les rails s’éclairèrent en avant d’une longue projection de lumière.

Zirone, très attentif, suivait du regard le train qui se déroulait à trois pas de lui.

Un peu avant que la dernière voiture fût à sa hauteur, la vitre s’abaissa, une femme passa la tête à travers la portière. Dès qu’elle eut aperçu le Sicilien à son poste, elle lança prestement une orange, qui roula sur la voie à une dizaine de pas de Zirone.

Cette femme, c’était Namir, l’espionne de Sarcany. Quelques secondes après, elle avait disparu avec le train dans la direction d’Aci-Reale.

Zirone alla ramasser l’orange, ou plutôt les deux moitiés d’une écorce d’orange que reliait une ficelle. L’Espagnol et lui revinrent alors s’abriter derrière une haute roche. Là, Zirone alluma une petite lanterne, fendit l’écorce de l’orange et en tira un billet où se trouvait cet avis :

« Il espère vous rejoindre à Nicolosi dans cinq ou six jours. Surtout, défiez-vous d’un certain docteur Antékirtt ! »

Évidemment, Sarcany avait appris à Raguse que ce mystérieux personnage, dont s’était tant préoccupée la curiosité publique, avait été reçu deux fois