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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/267

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aux environs de catane.

Mais, de ces deux auberges, Zirone et Carpena n’avaient que faire. La locande de Santa Grotta les attendait à une heure de là, dans une des gorges les plus sombres du massif etnéen. Ils y arrivèrent avant que minuit eût sonné aux clochers de Nicolosi.

On ne dormait point à Santa Grotta. On soupait avec accompagnement de cris et blasphèmes. Là étaient réunis les nouveaux engagés de Carpena, auxquels un vieux de la bande, nommé Benito, — par antinomie, sans doute, — faisait les honneurs de l’endroit. Quant au reste de la bande, une quarantaine de montagnards et de réfractaires, ils étaient alors à quelque vingt milles dans l’ouest, exploitant le revers opposé de l’Etna, et devaient bientôt les rejoindre. Il n’y avait donc à Santa Grotta que la douzaine de Maltais, recrutés par l’Espagnol. Entre tous, Pescador, — autrement dit Pointe Pescade — faisait bravement sa partie dans ce concert d’imprécations et de vantardises. Mais il écoutait, il observait, il notait, de manière à ne rien oublier de tout ce qui pouvait lui être utile. Et c’est même ainsi qu’il retint un propos que Benito lança à ses hôtes pour modérer leur tapage, un peu avant l’arrivée de Carpena et de Zirone.

« Taisez-vous donc, Maltais du diable, taisez-