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mathias sandorf.

longs sarments qui s’accrochent à toutes les branches voisines. C’était la première des trois zones dont sont formés les divers étages du volcan, ce « mont de la Fournaise », traduction du mot Etna pour les Phéniciens, « ce clou de la terre et ce pilier du ciel » pour les géologues d’une époque à laquelle la science géologique n’existait pas encore.

Après deux heures, pendant une halte de quelques minutes plus nécessaire aux montures qu’à leurs cavaliers, le docteur et Pierre purent apercevoir sous leurs pieds toute la ville de Catane, cette superbe rivale de Palerme, qui ne compte pas moins de quatre vingt-cinq mille âmes. D’abord, la ligne de ses principales rues, percées parallèlement aux quais, les clochers et les dômes de ces cent églises, ses nombreux et pittoresques couvents, ses maisons d’un style assez prétentieux du dix-septième siècle, — le tout enserré dans la plus charmante ceinture d’arbres verts que jamais cité ait nouée autour de sa taille. Puis, plus en avant, c’était le port, auquel l’Etna s’est chargé de construire des digues naturelles, après l’avoir en partie comblé dans cette épouvantable éruption de 1669, qui détruisit quatorze villes et villages et fit dix-huit mille victimes, en déversant sur la campagne plus d’un milliard de mètres cubes de lave.