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la veuve d’étienne bathory.

grandeur d’âme, tant d’énergie de caractère, ne pouvaient qu’exciter l’admiration et commander le respect.

Cependant, Mme Bathory s’était levée, et, d’un meuble fermé à clef, elle tirait une liasse de billets qu’elle tendit au docteur.

« Monsieur, dit-elle, veuillez reprendre cet argent, car il est à vous, et recevez les remerciements d’une mère, comme si elle s’en fût servie pour élever son fils !

— Cet argent ne m’appartient plus, madame ! répondit le docteur en refusant d’un geste.

— Je vous répète qu’il n’a jamais dû m’appartenir !

— Mais si Pierre Bathory en faisait usage…

— Mon fils finira par trouver la situation dont il est digne, et je pourrai compter sur lui comme il a pu compter sur moi !

— Il ne refusera pas ce qu’un ami de son père insistera pour lui faire accepter !

— Il refusera !

— Du moins, madame, me permettrez-vous d’essayer ?…

— Je vous prierai de n’en rien faire, monsieur le docteur, répondit Mme Bathory. Mon fils ignore même que j’ai reçu cet argent, et je désire qu’il l’ignore toujours !