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la casa inglese.

Ce récit achevé, un serrement de main du docteur remercia le hardi et intelligent garçon de tout ce qu’il venait de faire, puis, on discuta le parti qu’il convenait de prendre.

Abandonner la Casa Inglese, opérer une retraite au milieu de la nuit sur les flancs de ce massif, dont Zirone et ses gens connaissaient tous les sentiers, tous les refuges, c’était s’exposer à une destruction complète. Attendre le jour dans cette maison, s’y retrancher, s’y défendre comme dans un blockhaus, cela valait mieux cent fois. Le jour venu, s’il y avait lieu de partir, au moins le ferait-on en pleine lumière, et on ne s’aventurerait pas en aveugles sur ces pentes, à travers les précipices et les solfatares. Donc, rester et résister, telle fut la décision prise. Les préparatifs de défense commencèrent aussitôt.

Et d’abord, les deux fenêtres de la Casa Inglese durent être closes et leurs volets solidement assujettis au dedans. Pour servir d’embrasures, on devait utiliser les vides que les chevrons du toit laissaient entre eux à leur point d’appui sur le mur de la façade. Chaque homme, pourvu d’un fusil à tir rapide, avait une vingtaine de cartouches. Le docteur, Pierre et Luigi, avec leurs revolvers, pouvaient leur venir en aide. Cap Matifou n’avait que ses bras.