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divers incidents.

sur de fausses pistes, puisque personne ne connaissait le nom des traîtres.

Le docteur se crut donc, quant à présent, obligé à la même réserve, et il n’insista pas.

Ce qu’il n’hésita pas à dire, c’est que, sans l’acte odieux de cet Espagnol qui avait livré les fugitifs recueillis dans la maison du pêcheur Andréa Ferrato, très probablement le comte Mathias Sandorf et Étienne Bathory eussent échappé à la poursuite des agents de Rovigno. Et, une fois au-delà des frontières autrichiennes, en n’importe quelle contrée, toutes les portes se fussent ouvertes pour les recevoir.

« Chez moi, ajouta-t-il, ils auraient trouvé un refuge qui ne leur eût jamais fait défaut !

— En quel pays, monsieur ? demanda Pierre.

— À Céphalonie, où je demeurais à cette époque.

— Oui ! dans ces îles Ioniennes, sous la protection du pavillon grec, ils auraient été sauvés, et mon père vivrait encore ! »

Pendant quelques instants, la conversation fut interrompue par ce retour vers le passé. Mais le docteur la reprit en disant :

« Monsieur Pierre, nos souvenirs nous ont emportés bien loin du présent ! Voulez-vous que nous