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mathias sandorf.

saisie de leurs biens. De la maison et d’une petite terre appartenant à Ladislas Zathmar, il n’était rien resté, — pas même de quoi assurer la vie matérielle de son vieux serviteur. De ce que possédait Étienne Bathory, rien non plus, puisque, sans fortune, il ne vivait que du produit de ses leçons. Mais le château d’Artenak et ses riches dépendances, les mines avoisinantes, les forêts du revers septentrional des Carpathes, tout ce domaine constituait une fortune considérable au comte Mathias Sandorf. Ce furent ces biens dont on fit deux parts : l’une, mise en adjudication publique, servit à payer les délateurs ; l’autre, placée sous séquestre, devait être restituée à l’héritière du comte, lorsqu’elle aurait dix-huit ans. Si cette enfant mourait avant d’avoir atteint cet âge, sa réserve ferait retour à l’État.

Or, les deux quarts, attribués aux dénonciateurs, leur avaient valu plus d’un million et demi de florins[1], dont ils étaient libres de faire usage à leur convenance.

Tout d’abord, les deux complices songèrent à se séparer. Sarcany ne se souciait pas de rester en face de Silas Toronthal. Celui-ci ne tenait en aucune façon à continuer ses relations avec son ancien agent. Sarcany quitta donc Trieste, suivi de Zirone,

  1. Plus de trois millions de francs.