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mathias sandorf.

et, au cas où une flottille ennemie fût venue attaquer Antékirtta, rien que par sa position il constituait un véritable danger. En effet, il suffisait d’y débarquer pour faire de cet îlot une solide base d’opérations. Avec toute facilité d’y déposer des munitions et des vivres, avec la possibilité d’y établir une batterie, il pouvait offrir à des assaillants un très sérieux point d’appui, et mieux eût valu qu’il n’existât pas, puisque le temps manquait pour le mettre en état de défense.

La situation de l’îlot Kencraf, les avantages qu’un ennemi en pouvait tirer contre Antékirtta, ne laissaient pas d’inquiéter le docteur. Aussi, tout bien pesé, résolut-il de le détruire, mais, en même temps, de faire servir sa destruction à l’anéantissement complet des quelques centaines de pirates qui se seraient risqués à en prendre possession.

Ce projet fut immédiatement mis à exécution. À la suite de travaux pratiqués dans son sol, l’îlot Kencraf se trouva bientôt converti en un immense fourneau de mine, qui fut relié à l’île Antékirtta par un fil sous-marin. Il suffirait d’un courant électrique, lancé au moyen de ce fil, pour qu’il ne restât même plus trace de l’îlot à la surface de la mer.

En effet, ce n’était ni à la poudre ordinaire, ni au fulmicoton, ni même à la dynamite, que le docteur