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le préside de ceuta.

— Sans doute, répondit le docteur, et il est bien évident que je ne peux lui faire dire une chose que j’ignore moi-même. Mais, ce qui est en mon pouvoir, c’est de l’obliger à faire, et quand cela me conviendra, ce que je voudrai qu’il fasse, sans que sa volonté puisse s’y opposer. Par exemple, demain, après-demain, dans huit jours, dans six mois, même lorsqu’il sera en état de veille, si je veux qu’il quitte le préside, il le quittera !…

— Quitter le préside, répliqua Pierre, en sortir librement ?… Encore faudrait-il que ses gardiens le lui permissent ! L’influence de la suggestion ne peut aller jusqu’à lui faire rompre sa chaîne, ni briser la porte du bagne, ni franchir un mur infranchissable…

— Non, Pierre, répondit le docteur, je ne puis l’obliger à faire ce que je pourrais faire moi-même. Aussi ai-je hâte d’aller rendre visite au gouverneur de Ceuta ! »

Le docteur Antékirtt n’exagérait en rien. Ces faits de suggestion dans l’état hypnotique sont maintenant reconnus. Les travaux, les observations de Charcot, de Brown-Séquard, d’Azam, de Richet, de Dumontpallier, de Maudsley, de Bernheim, de Hack Tuke, de Rieger, de tant d’autres savants, ne peuvent plus laisser aucun doute à leur égard. Pen-