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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/197

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la fête des cigognes.

de l’autre côté du port, dans une des criques de ce littoral peu gardé. Là, il devait se tenir prêt à prendre la mer à toute heure de jour ou de nuit. Dès qu’ils eurent débarqué, le docteur et ses compagnons remontèrent la base rocheuse de la côte, prirent le quai de gros blocs qui mène à Bab-el-bahr, la Porte de Mer, et s’engagèrent dans les étroites rues de la ville. Le premier hôtel qu’ils trouvèrent, — et il n’y avait guère à choisir, — leur sembla suffisant pour quelques jours, sinon quelques heures. Ils s’y présentèrent en gens de train modeste, de simples marchands tunisiens qui voulaient profiter de leur passage à Tripoli pour assister à la fête des Cigognes. Comme le docteur parlait aussi correctement l’arabe que les autres idiomes de la Méditerranée, ce n’était pas son langage qui eût pu le trahir.

L’hôtelier reçut avec empressement les cinq voyageurs qui lui faisaient le très grand honneur de descendre chez lui. C’était un gros homme, fort bavard. Aussi, en le faisant causer, le docteur eût-il bientôt appris certaines choses qui l’intéressaient directement. Tout d’abord, il sut qu’une caravane était récemment arrivée du Maroc en Tripolitaine ; puis, il apprit que Sarcany, fort connu dans la Régence, faisait partie de cette caravane et qu’il