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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/33

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une expérience du docteur.

deurs de cigares et d’allumettes, entre les baquets, les fardiers, les charrettes de légumes et de fruits, vont et viennent, dans un pêle-mêle cosmopolite, des Maltais, des Marocains, des Espagnols, des Italiens, des Arabes, des Français, des Portugais, des Allemands, — un peu de tout enfin, même des citoyens du Royaume-Uni, qui sont plus spécialement représentés par les fantassins à veste rouge et les artilleurs à veste bleuâtre, coiffés de ce tourteau de mitron, lequel ne tient sur l’oreille que par un miracle d’équilibre.

On est pourtant à Gibraltar, et cette Main-Street dessert toute la ville, depuis la Porte de Mer jusqu’à la porte d’Alameda. De là, elle se prolonge vers la pointe d’Europe, à travers les villas multicolores et les squares verdoyants, sous l’ombrage de grands arbres, au milieu des parterres de fleurs, des parcs de boulets, des batteries de canons de tous les modèles, des massifs de plantes de toutes les zones, sur une longueur de quatre mille trois cents mètres. C’est à peu près celle du rocher de Gibraltar, sorte de dromadaire sans tête, accroupi sur les sables de San Roque, et dont la queue traîne dans la mer méditerranéenne.

Cet énorme rocher s’élève de quatre cent vingt-cinq mètres, à pic, du côté du continent qu’il