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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/73

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dix-sept-fois.

Silas Toronthal écoutait-il ces conseils, — conseils absurdes, d’ailleurs, comme tous les raisonnements quand il s’agit d’un jeu de hasard ? Non ! Il était accablé et n’avait qu’une idée alors : échapper à cette domination de Sarcany, s’enfuir, et s’enfuir si loin, que son passé ne pût se retourner contre lui ! Mais de tels accès de résolution ne pouvaient durer dans cette âme amollie et sans ressorts. D’ailleurs, il était surveillé de près par son complice. Avant de l’abandonner à lui-même, Sarcany avait besoin que son mariage avec Sava fût accompli. Puis, il se dégagerait de Silas Toronthal, il l’oublierait, il ne se souviendrait même pas que cet être faible eût existé, que tous deux se fussent jamais mêlés à des affaires communes ! Jusque-là, il fallait que le banquier restât sous sa dépendance !

« Silas, reprit alors Sarcany, nous avons été trop malheureux aujourd’hui, pour que la chance ne tourne pas en notre faveur !… Demain, elle sera pour nous !

— Et si je perds le peu qui me reste ! répondit Silas Toronthal, qui se débattait en vain contre ces déplorables conseils.

— Il nous restera encore Sava Toronthal ! répondit vivement Sarcany. C’est un atout maître dans notre jeu, et il n’est pas possible qu’on le surcoupe, celui-là !