coquin de Sarcany est homme à s’arrêter dans la veine ! »
Quelles que fussent à cet égard les idées de Pointe Pescade et ses espérances, la chance n’abandonna pas les deux associés. En réalité, et par trois fois, ils auraient fait sauter la banque, si le chef de partie n’eût fait des ajoutés de vingt mille francs.
Ce fut un événement parmi les spectateurs de cette lutte, dont la majorité se montra très favorable aux deux joueurs. N’était-ce pas comme une revanche de cette insolente série de la rouge, dont l’administration avait si largement profité la veille ?
En somme, à six heures et demie, lorsqu’ils suspendirent leur jeu, Silas Toronthal et Sarcany avaient réalisé un gain supérieur à vingt mille louis. Ils se levèrent alors et quittèrent la table de roulette. Silas Toronthal marchait d’un pas incertain, comme s’il eût été un peu ivre, — ivre d’émotion et de fatigue cérébrale. Son compagnon, impassible, le surveillait, redoutant par-dessus tout qu’il ne fût tenté de s’enfuir avec les quelques centaines de mille francs, si péniblement regagnés, et de se soustraire à sa domination.
Tous deux, sans s’adresser la parole, repassèrent à travers le hall, descendirent le péristyle et se dirigèrent vers leur hôtel.