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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/15

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DE MAITRE ANTIFER.

— Un seul… un grand trois-mâts, qui venait à contre-bord de nous sous le vent. J’ai loffé d’un quart pour en passer aussi loin que possible.

— Tu as bien fait. Et maintenant ?… »

Le capitaine observa circulairement l’horizon avec une attention extrême. Puis :

« Pare à virer ! » cria-t-il d’une voix forte.

Les hommes de quart se levèrent. La barre mise dessous, les écoutes de foc furent filées, en même temps que l’on bordait la brigantine. Le navire évolua et se remit en marche vers le nord-ouest, bâbord amures.

C’était un brick-goélette de quatre cents tonneaux, un bâtiment de commerce dont on eût fait avec quelques modifications un yacht de plaisance. Le capitaine avait sous ses ordres un maître et quinze hommes, — équipage suffisant pour la manœuvre, — composé de vigoureux matelots, dont le costume, vareuse et bonnet, large pantalon et bottes de mer, rappelait celui des marins de l’Europe orientale.

Aucun nom au tableau d’arrière de ce brick-goélette, ni sur les bastingages extérieurs de l’avant. Pas de pavillon. D’ailleurs, pour éviter d’avoir un salut à faire ou à rendre, du plus