loin que la vigie signalait un bâtiment, il changeait sa route.
Était-ce donc un pirate, — il s’en rencontrait encore à cette époque dans ces parages, — qui craignait d’être poursuivi ?… Non. On eût vainement cherché des armes à son bord, et ce n’est pas avec un si faible équipage qu’un bâtiment se hasarderait à courir les risques d’un métier pareil.
Était-ce donc un contrebandier, faisant la fraude le long d’un littoral ou d’une île à une autre ? Pas davantage, et le plus avisé des officiers de douane eût visité sa cale, déplacé sa cargaison, sondé ses ballots, fouillé ses caisses, sans découvrir une marchandise suspecte. À dire vrai, il ne portait aucune cargaison. Des vivres pour plusieurs années, des fûts de vin et d’eau-de-vie au fond de sa cale, à l’arrière, sous la dunette, trois barils en douves de chêne, solidement cerclés de fer… On le voit, il restait de la place pour le lest, — un bon lest en fonte, qui permettait à ce navire de porter une forte voilure.
Peut-être aura-t-on l’idée que ces trois barils contenaient de la poudre ou toute autre substance explosive ?…