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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/279

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Même, à sa place, peut-être un autre en eût-il été très fier. S’il éprouva ce sentiment bien légitime, il n’en montra rien, et ne songea qu’à gouverner au mieux son vaisseau, à épargner des embardées inutiles, à le tenir en bonne direction. Sans doute, lorsque la caravane prenait une allure plus rapide, le train de la bête ne laissait pas d’être rude. Mais les assises charnues du gabarier étaient suffisantes pour amortir ces coups de tangage.

À l’arrière de la caravane, où il restait de préférence, Saouk montait un mulet un peu vif, en cavalier rompu à ce genre d’exercice. Près de lui, ou du moins mettant toute son attention à ne point être distancé, Ben-Omar chevauchait un petit âne, ses pieds rasant presque la terre, — ce qui devait exempter de gravité les chutes éventuelles. Enfourcher un mulet ?… Jamais le notaire n’avait pu s’y décider. Il serait tombé de trop haut. D’ailleurs, ces mulets arabes sont fringants, impétueux, capricieux, et il faut une main énergique pour les maîtriser.

La caravane marchait de manière à franchir une étape d’une dizaine de lieues par journée, coupée d’une halte de deux heures au moment