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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/280

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de la méridienne. En quatre jours, elle aurait atteint Sohar, s’il ne se produisait aucun retard.

Quatre jours, voilà qui devait paraître d’une interminable longueur à maître Antifer, toujours éperonné par l’obsession de son îlot. Et pourtant il touchait au terme de son aventureux voyage… Quelques traites encore, et il serait au but… Pourquoi donc se sentait-il plus nerveux, plus inquiet, à mesure qu’il approchait de l’instant décisif ? Ses compagnons n’arrivaient pas à tirer une parole de lui. Ils en étaient réduits à causer entre eux.

Et, du haut de son ruminant, se balançant d’une bosse à l’autre, voici que le gabarier fit cette réflexion :

« Juhel, de toi à moi, est-ce que tu crois au trésor de Kamylk-Pacha ?

— Hum ! répondit Juhel, cela m’a la mine d’être par trop fantasmagorique !

— Juhel… s’il n’y avait pas d’îlot ?…

— Et, en admettant qu’il y eût un îlot, monsieur Trégomain, s’il n’y avait pas de trésor ?… Mon oncle serait obligé d’imiter ce fameux capitaine marseillais, parti pour Bourbon, et qui, faute d’avoir trouvé Bourbon, était revenu à Marseille !