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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/312

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« Tu as achevé, gabarier ?… lui demanda maître Antifer.

— Oui, répondit Gildas Trégomain, en lançant un regard de triomphe à Juhel.

— Et toi, aussi, Juhel ?

— Oui, mon oncle.

— Eh bien, allez tous les deux au diable !… Conférez avec ce garde-notes, si vous le voulez !… Quant à moi, je ne lui adresserai la parole que pour le traiter de misérable et d’escroc !… Là-dessus, bonjour ou bonsoir, à votre choix ! »

Et Pierre-Servan-Malo lança un tel juron où s’entrechoquaient les divers tonnerres en usage dans la marine, que son caillou fila hors de sa bouche, comme le pois hors d’une sarbacane. Puis, sans prendre le temps de recharger sa bouche à feu, il donna un coup de barre et disparut vent arrière.

Néanmoins, Juhel avait obtenu en partie ce qu’il désirait. Son oncle, comprenant qu’il y était obligé, ne lui défendait plus de mettre le notaire au courant de leurs projets. Et, comme celui-ci, poussé par Saouk, s’approchait moins craintivement depuis le départ du Malouin, cela n’exigea que quelques mots.