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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/324

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Les Arabes sont peu familiers avec l’emploi de ces instruments nautiques. Les gens de la perme ne savaient trop ce que prétendait le jeune capitaine. Sélik lui-même, un peu plus instruit peut-être, ne se rendait guère compte de l’importance que Juhel attachait à cette observation du soleil. Tous comprenaient cependant que les passagers étaient extrêmement contrariés. Quant au Malouin, allant, venant, invectivant, jurant, se démenant, un véritable possédé, ils se demandaient s’ils n’avaient pas affaire à un fou. Non ! il ne l’était pas, mais il risquait de le devenir, et c’est bien ce que redoutaient son neveu et son ami.

Maître Antifer envoya promener Gildas Trégomain et Juhel, lorsque ceux-ci l’engagèrent à prendre sa part du déjeuner. Il se contenta de grignoter un morceau de pain, puis alla s’étendre au pied du grand mât, défendant qu’on lui adressât la parole.

L’après-midi, aucun changement ne se produisit dans l’état de l’atmosphère. Le pied du vent était toujours chargé de nuages épais. La mer, assez houleuse, « sentait quelque chose », ainsi que disent les marins. Ce qu’elle sentait, c’était un coup de vent, voilà la vérité, — une