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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/325

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de ces tempêtes du sud-ouest, qui dévastent trop souvent les parages du golfe d’Oman. Parfois, ces terribles khamsins, que le désert jette sur l’Égypte, dévient brusquement, et leurs derniers souffles, après avoir balayé le littoral arabique, viennent se heurter contre les lames de l’océan Indien.

La Berbera fut effroyablement secouée. Ses voiles au bas ris, elle ne put tenir la cape, c’est-à-dire résister à ces énormes paquets de mer qui l’eussent écrasée, étant très rase sur l’eau. Il n’y eut qu’une ressource, prendre la fuite en s’élevant vers le nord-est. Ce qu’observa Juhel, ce qu’aurait pu observer maître Antifer, s’il n’y eût prêté attention, c’est que le patron manœuvra avec prudence et habileté. Son équipage déploya le sang-froid et le courage des vrais marins. Ces braves gens n’en étaient pas à leur début dans la lutte contre les tempêtes du golfe. Seulement, si une partie de cet équipage parut habituée à ces furieuses bourrasques, l’autre, étendue sur le pont, se montra très incommodée par les secousses de la perme. Évidemment, ces hommes n’avaient jamais navigué. Et alors l’idée vint à Juhel qu’ils devaient avoir des agents à leurs