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mistress branican.

— Eh bien, même en ce cas, répondit le capitaine Ellis, puisqu’on n’a point entendu dire qu’un équipage disparu ait été recueilli, depuis quelques années, dans les parages de l’Australie occidentale, je penserais que l’embarcation a dû sombrer pendant cette traversée de plusieurs centaines de milles entre l’île Browse et la côte australienne ! »

Il eût été difficile de répondre à ce raisonnement. Zach Fren le comprit bien ; mais, ne voulant pas renoncer à savoir ce qu’étaient devenus les naufragés :

« Maintenant, capitaine, demanda-t-il, je pense que votre intention est de visiter les autres parties de l’île ?

— Oui… par acquit de conscience, répondit le capitaine Ellis. Et d’abord, allons abattre ce mât de signal, afin que des navires ne se dérangent pas de leur route, puisqu’il n’y a plus un homme à sauver ici ! »

Le capitaine, Zach Fren et les deux matelots, après être sortis de la grotte, explorèrent une dernière fois la grève. Puis, ayant remonté par la coupure sur le plateau, ils se dirigèrent vers l’extrémité du promontoire.

Ils eurent à contourner une profonde excavation, sorte d’étang pierreux dans lequel s’amassaient les eaux pluviales, et reprirent ensuite leur première direction.

Soudain le capitaine Ellis s’arrêta.

En cet endroit, le sol présentait quatre renflements, parallèles les uns aux autres. Probablement, cette disposition n’aurait pas attiré l’attention, si de petites croix de bois, à demi pourries, n’eussent signalé ces renflements. C’étaient des tombes. Là était le cimetière des naufragés.

« Enfin, s’écria le capitaine Ellis, peut-être allons-nous pouvoir apprendre ?… »

Ce n’était point manquer de ce respect dû aux morts que de fouiller ces tombes, d’en exhumer les corps qu’elles renfermaient, de reconnaître l’état dans lequel ils étaient réduits, de chercher là un indice réel de leur nationalité.