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l’île browse.

Les deux matelots se mirent à l’œuvre, et, creusant la terre avec leurs couteaux, ils la rejetèrent de chaque côté. Mais nombre d’années déjà s’étaient écoulées depuis que ces cadavres avaient été ensevelis à cette place, car le sol ne renfermait que des ossements. Le capitaine Ellis les fit alors recouvrir, et les croix furent replacées sur les tombes.

Il s’en fallait beaucoup que les questions relatives à ce naufrage fussent résolues. Si quatre créatures humaines avaient été ensevelies en cet endroit, qu’était devenu celui qui leur avait rendu les derniers devoirs ? Et lui-même, lorsque la mort l’avait frappé à son tour, où était-il tombé, et ne retrouverait-on pas son squelette abandonné sur un autre point de l’île ?

Le capitaine Ellis ne l’espérait pas.

« Ne parviendrons-nous pas, s’écria-t-il, à connaître le nom du navire qui s’est perdu sur l’île Browse !… Rentrerons-nous à San-Diégo, sans avoir découvert les débris du Franklin, sans savoir ce que sont devenus John Branican et son équipage ?…

— Pourquoi ce navire ne serait-il pas le Franklin ? dit un des matelots.

— Et pourquoi serait-ce lui ? » répondit Zach Fren.

Rien, en effet, ne permettait d’affirmer que c’était le Franklin dont les débris couvraient les récifs de l’île Browse, et il semblait que cette seconde expédition du Dolly-Hope ne devait pas réussir mieux que la première. Le capitaine Ellis était resté silencieux, les regards baissés vers ce sol, où de pauvres naufragés n’avaient trouvé qu’avec la fin de leur vie la fin de leurs misères ! Étaient-ce des compatriotes, des Américains comme lui ?… Étaient-ce ceux que le Dolly-Hope était venu chercher ?…

« Au mât de signal ! » dit-il.

Zach Fren et ses hommes l’accompagnèrent, pendant qu’il suivait la longue pente rocailleuse, par laquelle le promontoire se raccordait au massif de l’île.