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Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/328

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rencontre inattendue.

ce qui concernait Godfrey, les circonstances dans lesquelles elle l’avait rencontré à bord du Brisbane… C’était un enfant trouvé dans les rues de San-Diégo… Il avait été élevé à Wat-House… Il avait quatorze ans environ…

Jane, d’une pâleur de morte, le cœur battant à peine sous l’étreinte de l’angoisse, avait écouté ce récit, muette, immobile…

Et, lorsque Dolly l’eut laissée seule, elle tomba à genoux, les mains jointes. Puis, ses traits s’animèrent… sa physionomie fut comme transfigurée…

« Lui !… lui ! s’écria-t-elle d’une voix éclatante. Lui… près d’elle !… Dieu l’a donc voulu !… »

Un instant après, Jane avait quitté la maison de Waldek-Hill, et, traversant la cour intérieure, elle se précipitait vers la case qui lui servait d’habitation pour tout dire à son mari.

Len Burker était là, rangeant dans un portemanteau les quelques effets d’habillement et autres objets qu’il allait emporter pour son voyage. L’arrivée de Jane, dans cet extraordinaire état de trouble, le fit tressaillir.

« Qu’y a-t-il ? lui demanda-t-il brusquement. Parle donc !… Parleras-tu ?… Qu’y a-t-il ?…

— Il est vivant, s’écria Jane… il est ici… près de sa mère… lui que nous avons cru…

— Près de sa mère… vivant… lui ?… » répondit Len Burker, qui resta foudroyé par cette révélation.

Il n’avait que trop compris à qui ce mot « lui ! » pouvait s’appliquer.

« Lui… répéta Jane, lui… le second enfant de John et de Dolly Branican ! »

Une courte explication suffira pour faire connaître ce qui s’était passé quinze ans auparavant à Prospect-House.

Un mois après leur installation au chalet de San-Diégo, M. et Mrs. Burker s’étaient aperçus que Dolly, privée de raison depuis le cruel événement, était dans une situation qu’elle ignorait elle-