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en remontant vers le nord.

VII

en remontant vers le nord.


Aucune erreur n’était possible, Godfrey était bien le second enfant de John et de Dolly Branican. Cette affection que Dolly éprouvait pour lui n’était due qu’à l’instinct maternel. Mais elle ignorait que le jeune novice fût son fils, et comment pourrait-elle jamais l’apprendre, puisque Jane, épouvantée des menaces de Len Burker, allait être contrainte à se taire pour assurer le salut de Godfrey. Parler, c’était mettre cet enfant à la merci de Len Burker, et le misérable, qui l’avait livré à l’abandon une première fois, saurait bien s’en défaire au cours de cette périlleuse expédition… Il importait dès lors que la mère et le fils n’apprissent jamais quel lien les rattachait l’un à l’autre.

Du reste, en voyant Godfrey, en rapprochant les faits relatifs à sa naissance, en constatant cette ressemblance frappante avec John, Len Burker n’eut pas un doute sur son identité. Ainsi, alors qu’il regardait la perte de John Branican comme définitive, voilà que la naissance de son second fils venait de se révéler. Eh bien ! malheur à cet enfant, si Jane s’avisait de parler ! Mais Len Burker était tranquille ; Jane ne parlerait pas.

Le 11 octobre, la caravane se remit en route, après vingt-quatre heures de repos. Jane avait pris place dans le buggy, occupé par Mrs. Branican. Len Burker, montant un assez bon cheval, allait et venait, tantôt en avant, tantôt en arrière, s’entretenant volontiers avec Tom Marix au sujet des territoires qu’il avait déjà parcourus