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mistress branican.

Mais elle a pu se remettre, et son mari l’a emmenée… Je n’ai pas osé la retenir.

Nous avons repris la route, ce jour-là, à quatre heures du soir, par un temps couvert. La chaleur était un peu plus supportable. Les chameaux de selle et de bât, suffisamment reposés de leurs fatigues, ont marché d’un pas plus soutenu. Il a même fallu les modérer, afin que les hommes à pied pussent les suivre.

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15 janvier. — Pendant quelques jours, nous avons conservé cette allure rapide. Deux ou trois fois, il y a eu encore des pluies abondantes. Nous n’avons pas souffert de la soif, et notre réserve a été refaite au complet. Elle est la plus grave de toutes, cette question de l’eau, la plus effrayante aussi, lorsqu’il s’agit d’un voyage au milieu de ces déserts. Elle exige une constante préoccupation. En effet, les puits paraissent être rares sur l’itinéraire que nous suivons. Le colonel Warburton l’a bien reconnu lors de son voyage, qui s’est terminé à la côte ouest de la Terre de Tasman.

Nous vivons désormais sur nos provisions — uniquement. Il n’y a pas lieu de faire entrer en compte le rendement de la chasse. Le gibier a fui ces mornes solitudes. À peine aperçoit-on quelques bandes de pigeons que l’on ne peut approcher. Ils ne se reposent entre les touffes de spinifex, qu’après un long vol, lorsque leurs ailes n’ont plus la force de les soutenir. Néanmoins notre alimentation est assurée pour plusieurs mois, et, de ce côté, je suis tranquille. Zach Fren veille scrupuleusement à ce que la nourriture, conserves, farine, thé, café soit distribuée avec méthode et régularité. Nous-mêmes, nous sommes soumis au sort commun. Il n’y a d’exception pour personne. Les noirs de l’escorte ne peuvent se plaindre que nous soyons mieux traités qu’eux.

Çà et là voltigent aussi quelques moineaux, égarés à la surface de ces régions ; mais ils ne valent pas la peine que l’on se fatigue à les poursuivre.