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encore quelques extraits.

Toujours des myriades de fourmis blanches, rendant très douloureuses nos heures de halte. Quant aux moustiques, la contrée est trop sèche pour que nous en soyons gênés. « Nous les retrouverons dans les lieux humides, » a fait observer Tom Marix. Eh bien, mieux vaut encore subir leurs morsures. Ce ne sera pas payer trop cher l’eau qui les attire.

Nous avons atteint Mary-Spring, à quatre-vingt-dix milles de Waterloo, dans la journée du 23 janvier.

Un groupe de maigres arbres se dresse en cet endroit. Ce sont quelques eucalyptus, qui ont épuisé tout le liquide du sol et sont à demi flétris.

« Leur feuillage pend comme des langues desséchées par la soif, » dit Godfrey.

Et cette comparaison est très juste.

J’observe que ce jeune garçon, ardent et résolu, n’a rien perdu de la gaieté de son âge. Sa santé n’est point altérée, ce que je pouvais craindre, car il est à une époque où l’adolescent se forme. Et cette incroyable ressemblance qui me trouble… C’est le même regard, quand ses yeux se fixent sur moi ; ce sont les mêmes intonations quand il me parle… Et il a une manière de dire les choses, d’exprimer ses pensées, qui me rappelle mon pauvre John !

Un jour, j’ai voulu attirer l’attention de Len Burker sur cette particularité.

« Mais non, Dolly, m’a-t-il répondu, c’est pure illusion de votre part. Je vous l’avoue, je ne suis aucunement frappé de cette ressemblance. À mon sens, elle n’existe que dans votre imagination. Peu importe, après tout, et si c’est pour ce motif que vous portez intérêt à ce garçon…

— Non, Len, ai-je repris, et si j’ai ressenti une vive affection pour Godfrey, c’est que je l’ai vu se passionner pour ce qui est l’unique but de ma vie… retrouver et sauver John. Il m’a suppliée de l’emmener, et, touchée de ses instances, j’ai consenti. Et puis, c’est un de mes enfants de San-Diégo, l’un de ces pauvres êtres sans