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mistress branican.

suivi sans une proposition de Len Burker qui modifia cette détermination.

Len Burker, étant venu trouver M. William Andrew à son bureau, lui dit :

« Nous en sommes certains maintenant, la folie de Dolly n’a point un caractère dangereux qui nécessite de l’enfermer, et puisqu’elle n’a pas d’autre famille que nous, nous demandons à la garder. Dolly aimait beaucoup ma femme, et qui sait si l’intervention de Jane ne sera pas plus efficace que celle des étrangers ? Si des crises survenaient plus tard, il serait temps d’aviser et de prendre des mesures en conséquence. — Qu’en pensez-vous, monsieur Andrew ? »

L’honorable armateur ne répondit pas sans quelque hésitation, car il n’éprouvait que peu de sympathie pour Len Burker, bien qu’il ne sût rien de sa situation si compromise alors et n’eût point lieu de suspecter son honorabilité. Après tout, l’amitié que Dolly et Jane éprouvaient l’une pour l’autre était profonde, et, puisque Mrs. Burker était sa seule parente, mieux valait évidemment que Dolly fût confiée à sa garde. L’essentiel, c’était que la malheureuse femme pût être constamment et affectueusement entourée des soins qu’exigeait son état.

« Puisque vous voulez assumer cette tâche, répondit M. William Andrew, je ne vois aucun inconvénient, monsieur Burker, à ce que Dolly soit remise à sa cousine, dont le dévouement ne peut être mis en doute…

— Dévouement qui ne lui manquera jamais ! » ajouta Len Burker.

Mais il dit cela de ce ton froid, positif, déplaisant, dont il ne pouvait se défaire.

« Votre démarche est honorable, reprit alors M. William Andrew. Une simple observation, toutefois : je me demande si, dans votre maison de Fleet Street, au milieu de ce quartier bruyant du commerce, la pauvre Dolly sera placée dans des conditions favorables à son rétablissement. C’est du calme qu’il lui faut, du grand air…