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Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/65

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mistress branican.

L’existence fut donc organisée en ces conditions nouvelles à Prospect-House. On installa Dolly dans cette chambre, d’où elle n’était sortie que pour courir au-devant d’un épouvantable malheur. Ce n’était plus la mère qui y rentrait, c’était un être privé de raison. Ce chalet si aimé, ce salon, où quelques photographies conservaient le souvenir de l’absent, ce jardin où tous deux avaient vécu de si heureux jours, ne lui rappelèrent rien de l’existence passée. Jane occupait la chambre contiguë à celle de Mrs. Branican, et Len Burker avait fait la sienne de la salle du rez-de-chaussée, qui servait de cabinet au capitaine John.

À partir de ce jour, Len Burker reprit ses occupations habituelles. Chaque matin, il descendait à San-Diégo, à son office de Fleet Street, où se continuait son train d’affaires. Mais ce qu’on aurait pu observer, c’est qu’il ne manquait jamais de revenir chaque soir à Prospect-House, et bientôt il ne fit plus que de courtes absences en dehors de la ville.

Il va sans dire que la mulâtresse avait suivi son maître dans sa nouvelle demeure, où elle serait ce qu’elle avait été partout et toujours, une créature sur le dévouement de laquelle il pouvait absolument compter. La nourrice du petit Wat avait été congédiée, bien qu’elle eût offert de se consacrer au service de Mrs. Branican. Quant à la servante, elle était provisoirement conservée au chalet pour les besoins auxquels Nô seule n’aurait guère pu suffire.

D’ailleurs, personne n’aurait valu Jane pour les soins affectueux et assidus qu’exigeait l’état de Dolly. Son amitié s’était augmentée, s’il est possible, depuis la mort de l’enfant dont elle s’accusait d’avoir été la cause première. Si elle n’était pas venue trouver Dolly à Prospect-House, si elle ne lui avait pas suggéré l’idée d’aller rendre visite au capitaine du Boundary, cet enfant serait aujourd’hui près de sa mère, la consolant des longues heures de l’absence !… Dolly n’aurait pas perdu la raison !

Il entrait, sans doute, dans les intentions de Len Burker que les soins de Jane parussent suffisants à ceux qui s’intéressaient à la