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Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/113

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la dernière esclave

À trois heures, James Burbank et les siens parurent sur le perron de Castle-House. Dans l’enceinte étaient groupés sept cents esclaves, hommes, femmes, enfants, — même une vingtaine de ces vieux noirs, qui, lorsqu’ils avaient été reconnus impropres à tout travail, trouvaient une retraite assurée pour leur vieillesse dans les baracons de Camdless-Bay.

Un profond silence s’établit aussitôt. Sur un geste de James Burbank, M. Perry et les sous-régisseurs firent approcher le personnel, de manière que tous pussent entendre distinctement la communication qui allait leur être faite.

James Burbank prit la parole.

« Mes amis, dit-il, vous le savez, une guerre civile, déjà longue et malheureusement trop sanglante, met aux prises la population des États-Unis. Le vrai mobile de cette guerre a été la question de l’esclavage. Le Sud, ne s’inspirant que de ce qu’il croit être ses intérêts, en a voulu le maintien. Le Nord, au nom de l’humanité, a voulu qu’il fût détruit en Amérique. Dieu a favorisé les défenseurs d’une cause juste, et la victoire s’est déjà prononcée plus d’une fois en faveur de ceux qui se battent pour l’affranchissement de toute une race humaine. Depuis longtemps, personne ne l’ignore, fidèle à mon origine, j’ai toujours partagé les idées du Nord, sans avoir été à même de les appliquer. Or, des circonstances ont fait que je puis hâter le moment où il m’est possible de conformer mes actes à mes opinions. Écoutez donc ce que j’ai à vous apprendre au nom de toute ma famille. »

Il y eut un sourd murmure d’émotion dans l’assistance, mais il s’apaisa presque aussitôt. Et alors, James Burbank, d’une voix qui s’entendit de partout, fit la déclaration suivante :

« À partir de ce jour, 28 février 1862, les esclaves de la plantation sont affranchis de toute servitude. Ils peuvent disposer de leur personne. Il n’y a plus que des hommes libres à Camdless-Bay ! »

Les premières manifestations de ces nouveaux affranchis furent des hurrahs qui éclatèrent de toutes parts. Les bras s’agitèrent en signe de remerciements. Le nom de Burbank fut acclamé. Tous se rapprochèrent du perron. Hommes, femmes, enfants, voulaient baiser les mains de leur libérateur. Ce