Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
373
ce qu’entend zermah.

— Autant que tu les hais toi-même ! »

Zermah, ne se contenant plus, fut sur le point de repousser la porte pour se mettre face à face avec ces deux hommes, si semblables l’un à l’autre, non seulement par la voix, mais par les mauvais instincts, par le manque absolu de conscience et de cœur. Elle parvint à se maîtriser, pourtant. Mieux valait entendre jusqu’à la dernière les paroles qui s’échangeaient entre Texar et son complice. Lorsque leur conversation serait achevée, peut-être s’endormiraient-ils ? Alors il serait temps d’accomplir une évasion devenue nécessaire, avant que le départ se fût effectué.

Évidemment, l’Espagnol se trouvait dans la situation d’un homme qui a tout à apprendre de celui qui lui parle. Aussi fut-ce lui qui continua d’interroger.

« Qu’y a-t-il de nouveau dans le Nord ? demanda-t-il.

— Rien de très important. Malheureusement, il semble que les fédéraux aient l’avantage, et il est à craindre que la cause de l’esclavage soit finalement perdue !

— Bah ! fit Texar d’un ton d’indifférence.

— Au fait, nous ne sommes ni pour le Sud ni pour le Nord ! répondit l’autre.

— Non, et ce qui nous importe, pendant que les deux partis se déchirent, c’est de toujours être du côté où il y a le plus à gagner ! »

En parlant ainsi, Texar se révélait tout entier. Pêcher dans l’eau trouble de la guerre civile, c’était uniquement à quoi prétendaient ces deux hommes.

« Mais, ajouta-t-il, que s’est-il passé plus spécialement en Floride depuis huit jours ?

— Rien que tu ne saches. Stevens est toujours maître du fleuve jusqu’à Picolata.

— Et il ne semble pas qu’il veuille remonter, au delà, le cours du Saint-John ?…

— Non, les canonnières ne cherchent point à reconnaître le Sud du comté. D’ailleurs, je crois que cette occupation ne tardera pas à prendre