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Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/401

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zermah à l’œuvre.

ne cessa d’observer ce qui se passait au-dehors, car c’était pour elle de la plus grande importance.

On faisait les préparatifs de départ. Un des frères — un seul — présidait à la formation de la troupe qu’il allait conduire dans la cyprière. L’autre, que personne n’avait vu, avait dû se cacher, soit au fond du wigwam, soit en quelque coin de l’île.

C’est, du moins, ce que pensa Zermah, connaissant le soin qu’ils mettaient à dissimuler le secret de leur existence. Elle se dit même que ce serait peut-être à celui qui resterait dans l’île qu’incomberait la tâche de surveiller l’enfant et elle.

Zermah ne se trompait pas, ainsi qu’on va bientôt le voir.

Cependant les partisans et les esclaves étaient réunis au nombre d’une cinquantaine devant le wigwam, attendant pour partir les ordres de leur chef.

Il était environ neuf heures du matin, lorsque la troupe se disposa à gagner la lisière de la forêt — ce qui exigea un certain temps, la barge ne pouvant prendre que cinq à six hommes à la fois. Zermah les vit descendre par petits groupes, puis remonter l’autre rive. Toutefois, à travers le paillis, elle ne pouvait apercevoir la surface du canal, situé très en contrebas du niveau de l’île.

Texar, qui était resté le dernier, disparut à son tour, suivi de l’un des chiens dont l’instinct devait être utilisé pendant l’exploration. Sur un geste de son maître, l’autre limier revint vers le wigwam, comme s’il eût été seul chargé de veiller à sa porte.

Un instant après, Zermah aperçut Texar qui gravissait la berge opposée et s’arrêtait un instant pour reformer sa troupe. Puis, tous, Squambô en tête, accompagné du chien, disparurent derrière les gigantesques roseaux sous les premiers arbres de la forêt. Sans doute, un des noirs avait dû ramener la barge, afin que personne ne pût passer dans l’île. Cependant la métisse ne put le voir, et pensa qu’il avait dû suivre les bords du canal.

Elle n’hésita plus.