plus violentes clameurs couvrirent aussitôt. La majorité de ce public de gens sans foi ni loi ne pouvait les accepter.
Lorsque le magistrat fut parvenu à rétablir le silence dans le prétoire, James Burbank reprit la parole.
« Et maintenant, dit-il, j’attends qu’il se produise des accusations plus précises sur des faits, non sur des idées, et j’y répondrai, quand on me les aura fait connaître. »
Devant cette attitude si digne, les magistrats ne pouvaient être que très embarrassés. Ils ne connaissaient aucun fait qui pût être reproché à M. Burbank. Leur rôle devait se borner à laisser les accusations se produire, avec preuves à l’appui, s’il en existait toutefois.
Texar sentit qu’il était mis en demeure de s’expliquer plus catégoriquement, ou bien il n’atteindrait pas son but.
« Soit, dit-il ! Ce n’est pas mon avis qu’on puisse invoquer la liberté des opinions en matière d’esclavage, lorsqu’un pays se lève tout entier pour soutenir cette cause. Mais si James Burbank a le droit de penser comme il lui plaît sur cette question, s’il est vrai qu’il s’abstienne de chercher des partisans à ses idées, du moins ne s’abstient-il pas d’entretenir des intelligences avec un ennemi qui est aux portes de la Floride ! »
Cette accusation de complicité avec les fédéraux était très grave dans les conjonctures actuelles. Cela se comprit bien au frémissement qui courut à travers le public. Toutefois, elle était vague encore, et il fallait l’appuyer sur des faits.
« Vous prétendez que j’ai des intelligences avec l’ennemi ? répondit James Burbank.
— Oui, affirma Texar.
— Précisez !… Je le veux !
— Soit ! reprit Texar. Il y a trois semaines environ, un émissaire, envoyé vers James Burbank, a quitté l’armée fédérale ou tout au moins la flottille du commodore Dupont. Cet homme est venu à Camdless-Bay, et il a été suivi depuis le moment où il a traversé la plantation jusqu’à la frontière de la Floride. — Le nierez-vous ? »